Gestion des émotions : 19 conseils pratiques pour accompagner nos enfant

Boris Cyrulnik nous rappelle que les émotions sont naturelles et universelles. Elles participent à notre processus de survie : l’être humain n’est pas le plus fort ni le plus rapide, c’est parce qu’il est capable de ressentir la peur qu’il a pu développer des mécanismes de défense ou de fuite et qu’il a pu survivre. 

Il y a un facteur héréditaire dans le tempérament de nos enfants, mais la régulation des émotions peut s’apprendre tout au long de la vie. Comme tout processus d’apprentissage, il y a des progrès, des régressions, des découvertes et des erreurs. 

Accompagner nos enfants dans la gestion de leurs émotions n’est pas toujours simple et cela nous renvoie parfois aux difficultés que nous avons à gérer nos propres émotions.

Voici 19 conseils pratiques pour accompagner nos enfants dans la gestion de leurs émotions :

1. L’amour comme boussole

En tant qu’être humain, nous avons besoin d’aimer et d’être aimé. Il existe plusieurs langages de l’amour qui sont propres à chacun. L’amour donne confiance, l’amour apaise, l’amour rend plus fort. Aimons nos enfants comme ils sont et aimons nous tels que nous sommes. Multiplions les temps de qualité autant que possible, l’amour libère les tensions et participe activement à l’accompagnement dans la gestion des émotions. 

2. Être tolérant avec nous-même

Nous sommes des êtres humains avant d’être des parents et nous avons aussi nos émotions à gérer. Le mot “émotion” vient du latin emovere qui veut dire mettre en mouvement vers l’extérieur. Exprimer ses émotions est un réflexe vital, nous ne devons pas culpabiliser à l’idée de les avoir exprimer. Un parent qui s’énerve de s’être répété sans cesse, n’a pas à culpabiliser de son énervement.

3. Comprendre le fonctionnement des émotions

Les émotions sont comme des vagues qui nous traversent. Certaines vagues sont plus fortes que d’autres et nous submergent. Nous devrons attendre qu’elles passent pour pouvoir reprendre notre souffle. Au-delà d’un certain seuil, le cerveau se déconnecte et toute tentative de raisonnement est vaine voire contre productive. Pour certaines émotions fortes ou “crises” il faudra attendre que la vague redescende pour pouvoir raisonner à nouveau.

Contrairement aux adultes, pour faire redescendre la vague, il se peut que notre enfant ait besoin de nous. Ce n'est pas toujours facile, car les émotions se propagent et nous devons aussi gérer nos propres émotions. Ne pas hésiter à s’éloigner pour se calmer si nous sentons que notre présence alimente la crise. Beaucoup de difficultés liées à la gestion des émotions se règlent au calme.

4. Raisonner en dehors des crises

En tant que parent, nous sommes tentés de raisonner nos enfants au moment où le problème se présente. Mais quand l’intensité de l’émotion est trop forte, il est très difficile de raisonner, même pour un adulte. Il nous arrive à tous de dire des choses que nous ne pensons pas sous le coup de la colère. Pour aider nos enfants à adopter des comportements appropriés en cas d’émotion forte, nous pouvons en parler à un autre moment. Comme lorsque l’on décrit un itinéraire à quelqu’un qui ne connaît pas la route. Cela lui permettra de connaître le chemin à suivre lorsque l’émotion se présente à nouveau. Les rituels et les outils qui les accompagnent sont vos meilleurs alliés (boîte pour la colère, chaise de retour au calme, livres sur les émotions…)

5. Différencier l’émotion du comportement

Toutes les émotions ont leur place, mais ça n’est pas le cas de tous les comportements. 

Si je ressens de la joie, j’ai le droit de sourire, de chanter, de sautiller sur le trottoir. Je n’ai pas le droit de courir au milieu de la route. Accompagner nos enfants dans l'adoption de comportements appropriés pour exprimer leurs émotions permet d’éviter de devoir gérer de mauvais comportements à chaque fois que l’émotion se présente.

6. Être clair sur les comportements attendus

Nous avons tendance à dire à nos enfants ce que nous ne voulons pas qu’ils fassent. Une fois l’interdiction posée, ils ne comprennent pas toujours ce qui est attendu d’eux. Après avoir interdit à un enfant en colère de taper, mordre ou casser. Il est nécessaire de lui montrer d’autres possibilités moins violentes pour exprimer sa colère, comme souffler, serrer les poings, taper des pieds… 

7. Encourager les signaux faibles

Encourager pour l’effort perceptible plutôt que de féliciter d’avoir atteint l’objectif.

Lorsqu’un enfant est félicité de ne pas avoir fait de colère, il se retrouve paradoxalement culpabilisé de ressentir de la colère, alors que celà est naturel. L’idée n’est pas d'empêcher l’enfant de ressentir des émotions mais plutôt d’encourager la bonne façon de les exprimer. Par exemple, si un enfant en colère l’exprime en serrant les poings, nous pouvons encourager cette manifestation de la colère parce qu’elle est plus acceptable que toute autre manifestation violente. Peu importe la tournure qu’a prise la colère ensuite. Encourager les signaux faibles permet de faire prendre conscience à l’enfant qu’il est capable et le motivera à reproduire ces comportements acceptables. Cette démarche s’applique de manière générale à tous les apprentissages.

8. Incarner les comportements attendus

Nos enfants apprennent et retiennent ce qu’ils vivent plus que ce qui est dit. Un parent qui demande à ses enfants d’arrêter de crier en criant, provoque l’effet contraire. Les émotions font partie de notre vie et toute émotion qui se présente est une opportunité pour montrer à nos enfants ce qu’il est possible de faire pour la gérer. La différence entre nous et nos enfants c’est l’immaturité du cerveau : la zone responsable de la régulation émotionnelle commence à se développer vers 3 ans et est mature vers 30 ans. Notre niveau d'exigence est à adapter en fonction de l’âge de nos enfants.

9. Partager nos astuces

Les émotions concernent tout le monde, et leur gestion s’apprend. Faisons profiter nos enfants de nos expériences. Quelles sont nos astuces pour gérer nos émotions ? Que faisons-nous lorsque nous ressentons de la peur, de la tristesse, de la colère, de la joie, …?

10. Nommer les émotions

Le cerveau fonctionne avec deux hémisphères, le droit est le cerveau émotionnel, le gauche est le cerveau logique. Le simple fait de formuler l’émotion que l’on ressent nous permet de la classer, d’en diminuer l’intensité et de prendre du recul sur nos besoins et nos comportements. Les 7 émotions fondamentales sont la joie, la tristesse, la colère, la peur, la sérénité, la surprise et le dégoût, elles peuvent être déclinées en une multitude d’émotions selon leur intensité. Le simple fait de nommer l’émotion permet de la calmer. Tous les objets qui permettent de mieux connaître les émotions et provoquer des discussions sur le sujet sont bénéfiques pour aider nos enfants à mieux les gérer. 

11. Apprivoiser les émotions 

Certaines émotions sont plus faciles à gérer que d’autres. Les comportements pour les évacuer sont propres à chaque émotion. Par exemple : la colère s’évacue par le mouvement, la tristesse par l’enveloppement et la peur par l’éloignement. Comprendre ces mécanismes permet d’accompagner nos enfants dans la recherche de solution et d’adapter les comportements attendus lorsqu’elles se présentent.

12. Comprendre le besoin qui se cache

Certains réflexes sont innés (succion, pleurs, regard) et permettent au bébé d’assurer sa survie en manifestant des comportements qui vont lui permettre de satisfaire ses besoins primitifs : manger, dormir, être en sécurité…

À mesure que l'enfant grandit, de nouveaux besoins apparaissent. Chaque besoin satisfait ou insatisfait provoque une émotion qui se caractérise par un comportement. 

Les enfants utilisent des stratégies pour satisfaire leurs besoins. Comprendre les besoins qui se cachent derrière les comportements permet d’établir de nouvelles stratégies. Par exemple, un enfant qui pousse un autre enfant manifeste peut être une envie de jouer. Sa stratégie ne fonctionne pas mais peut être qu’il n’a pas d’idée pour faire autrement. En comprenant son besoin de jouer, nous pouvons l’accompagner pour trouver d’autres stratégies plus fructueuses : demander pour jouer ensemble, proposer un jeu qui convient à tout le monde, …

13. Faire preuve d’empathie sans tomber dans la sympathie

Lorsque quelqu’un que nous aimons ressent une émotion difficile, nous souhaitons que celà s’arrête au plus vite. Quand nos enfants souffrent, nous sommes tentés de formuler “c’est pas grave” ou “c’est rien du tout”, c’est ce que nous voudrions que ce soit. Accepter les émotions signifie reconnaître que ça a de l’importance pour eux. Formuler par exemple : “tu es triste”, “tu as mal”, “c’est difficile pour toi” permet à nos enfants de se sentir compris et de mettre des mots sur ce qu’ils ressentent. Nous n’avons pas besoin de le ressentir, juste d’accepter ce qu’il se passe de leur point de vue. Voici quelques exemples de comportements qui permettent de se sentir écouté : poser son téléphone, arrêter ce qu’on est en train de faire, regarder, reformuler, poser des questions ouvertes… 

14. Accompagner l’autonomie

Les enfants ont un grand besoin d’autonomie, c'est-à-dire qu’il y a beaucoup de choses qu’ils aimeraient faire tout seul, ils ont aussi une grande incompétence pour effectuer certaines tâches. La combinaison des deux amène souvent une grande frustration. Accompagner l’autonomie de nos enfants en les aidant à acquérir de nouvelles compétences permet de limiter les frustrations. Par exemple, lui apprendre à descendre les escaliers, lui montrer ce qu’il peut faire pour m’aider à débarrasser le lave vaisselle, avoir un marchepied, organiser les placards pour qu’il puisse se servir (jeux, vêtements, vaisselle, …). Beaucoup de frustrations sont des manifestations de ce besoin d’autonomie et peuvent être des opportunités d’apprentissage.

15. Anticiper les besoins fondamentaux

Les émotions sont liées aux besoins. En tant que parents, nous sommes responsables des besoins de nos enfants. Lorsque les besoins fondamentaux ne sont pas satisfaits, la régulation des émotions est plus difficile. C’est vrai pour nous et pour nos enfants. Par exemple, quelqu'un qui a faim est plus irritable qu’après avoir mangé. Nos enfants n’ont pas de jauge comme sur les voitures et nous n'avons pas d’alerte indiquant que le réservoir sera bientôt vide. Nous constatons que le réservoir est vide quand il est vide. Anticiper le remplissage des réservoirs de nos besoins fondamentaux (faim, soif, fatigue, lien, …) et de ceux de nos enfants participe à la régulation des émotions.

16. Être garant du cadre

Nous devons tenir le cadre pour nos enfants et les remettre dans le droit chemin même en cas d'émotion forte. Le cadre est rassurant, il permet de se sentir en sécurité. Par exemple, un enfant qui fait une colère aura besoin de bouger. Au-delà d’un certain seuil, l'échange est rompu et l’enfant ne sera plus réceptif. Il peut être dépassé par ses pulsions. Tenir le cadre signifie rester à proximité et assurer la sécurité. Il peut bouger et exprimer sa colère mais n’a pas le droit de casser. Il s’apprête à lancer la chaise, le parent est là pour lui rappeler que c’est interdit.

17. Éviter les récompenses accidentelles

Résister à la tentation de donner à son enfant ce qu’il demande dans l’unique but d’éviter un conflit. L’enfant risque d’y voir une stratégie intéressante à utiliser pour obtenir ce qu’il souhaite. Les frustrations font partie de la vie, lui donner des astuces pour gérer sa frustration lui permettra d’acquérir de l’autonomie dans la gestion de ses émotions (changer de sujet, lancer un jeu, ajouter l’objet désiré dans une liste pour un prochain cadeau,…).

18. Se faire confiance

Nous n’avons pas tous la même sensibilité, certaines émotions sont plus faciles à gérer que d’autres et certains tempéraments sont plus faciles à vivre que d’autres. Se renseigner, partager et échanger avec l’entourage sur nos difficultés permet de se nourrir d’exemples ou d’astuces. Pensons aussi à écouter ce que nous dit notre instinct. Il n’y a pas de méthode pour gérer les émotions, parfois on a le sentiment qu’il y a des progrès et parfois non, c’est simplement un processus d’apprentissage. Testons ce que nous sentons et observons ce qui fonctionne.

19. Savoir se faire aider 

Pour toute question ou si c’est trop difficile pour nous, pour notre enfant, pour le reste de la famille. Il y a des spécialistes qui peuvent nous accompagner : psychologue, sophrologue, thérapeutes familiaux, coach parentaux, maisons des familles, PMI, médecins traitants. Nous ne sommes pas seuls, ne restons pas dans des situations qui ne nous conviennent pas.

Qui suis-je ?

Je suis Sarah Dewavrin, coach parentale spécialisée dans la gestion des conflits. Je suis maman de 3 enfants. Je suis convaincue que tout le monde a une bonne intention, mais que certains comportements ne sont pas appropriés. Les récentes découvertes en neurosciences affectives viennent appuyer les théories sur l’intelligence émotionnelle et changent notre regard sur les pratiques éducatives. Ma mission est de participer à la diffusion de ces nouvelles connaissances. Je vous accompagne pour trouver vos solutions, dans le respect de vos valeurs.

Pour aller plus loin :

Personnalités à suivre sur le sujet : Boris Cyrulnik, Catherine Gueguen, Thomas D'ansembourg.

Livres : les langages d’amour des enfants, le cerveau de votre enfant, votre cerveau n’a pas fini de vous étonner.

Liste des émotions pour développer le vocabulaire de nos enfants : https://apprendreaeduquer.fr/tableau-des-nuances-des-emotions-un-outil-pour-developper-le-vocabulaire-des-enfants-autour-des-emotions/